Un vendredi soir sur la Terre…
Cindy et Peter sont très amoureux. Enfin, c’est ce que Cindy croyait jusqu’à ce qu’elle découvre avec horreur que Peter l’avait une nouvelle fois trompée. Cindy est effondrée. Cette fois, c’est sûr, c’est fini entre elle et Peter. Mais Peter frappe à sa porte. Elle lui ouvre. Il lui explique les yeux pleins de larmes à quel point il s’en veut. Il ne recommencera pas. C’est promis. Cindy hésite. Peter a l’air sincère. Et puis, au fond, c’est un gentil garçon. Peter l’embrasse, elle résiste… et finit par craquer. Cindy est heureuse, elle sait que maintenant, elle peut lui faire confiance, à son Peter.
Quand tu éteins ta télé, en colère contre cette connasse de Cindy, tu sais très bien comment tu aurais réagi à sa place. Peter n’aurait pas eu de dernière chance. Tu te serais fait un malin plaisir de le faire dégager de ta vie, et sans préavis. Tu vas te coucher, en te disant que les films à l’eau de rose, c’est vraiment un ramassis de conneries.
Le lendemain matin, tu arrives dans ton club. Pete… euh, pardon, Kévin est en pleine discussion avec une jolie adhérente. Il fidélise. Souvent. Longtemps. En priorité les jolies filles. Un prospect attend des renseignements à l’accueil. C’est pas grave, tu vas aller le renseigner à la place de Kévin. Tu te dis une fois encore que tu pourrais peut-être commencer à lui envoyer des avertissements. Mais au fond, c’est un gentil garçon. Même s'il est encore arrivé qu’avec dix minutes de retard hier. Même s’il aime un peu trop fidéliser les jolies filles au lieu de faire ses relances téléphoniques, ton Kévin. Finalement, c’est pas un mauvais bougre… Et puis qu’est-ce qui va se passer si tu le vires ? Tu penses, effrayé, à la réputation qu’il va te faire dans la région, aux bruits qu’il va faire courir sur toi et sur ta salle, aux prud'hommes, qui ont inconsciemment un truc à régler avec les patrons… et tu finis par prendre ton téléphone pour relancer tous ces prospects que Kévin n’a pas pris la peine de recontacter…
Et peut-on vraiment te blâmer ?
Tout comme toi, on a tous fait du management à l’eau de rose : que ce soit l’envie de croire que les choses allaient changer, l’excès d’empathie ou la peur des prud'hommes, on a tous eu un jour une bonne raison de ne pas se débarrasser de notre Peter-Kévin. Mais tout comme Cindy, on a souvent fini par s’en mordre les doigts.
Comme le dit si bien De Niro dans le film Ronin : “Quand il y a un doute, c’est qu’y a pas de doute, c’est la première chose qu’un boss devrait apprendre.” (Bon, OK, la deuxième partie de la citation, c’est moi qui l’ai inventée).
C’est quelque chose que j’ai moi-même appris, parfois un peu douloureusement, et quand Cindy commence à m’envahir un peu trop, et je m’efforce de ne pas oublier mon côté De Niro, et me dis que la santé de ma boîte passe avant tout le reste. Et surtout, que si Kévin ne veut pas faire ses relances, il y a quelqu’un de plus méritant qui en meurt d’envie, et à qui je dois donner sa chance. Et je ne le regrette jamais.
Si tu veux me parler de la dernière comédie romantique que tu as vue, et qui franchement, non mais franchement, n’était pas si mal, tu peux m’appeler, je suis quelqu’un de très ouvert. Mais surtout, n’hésite pas à me contacter si tu souffres parfois de Cindyisme. Sache que des solutions existent, on a plein de choses à te conseiller en termes de management, recrutement, et d’autres mots sympas se terminant en -ment.
Ce site utilise des cookies pour vous garantir la meilleure expérience de navigation possible. En utilisant notre site, vous acceptez les cookies. En savoir plus